"Ne mords pas la main de celui qui te donne à manger" (1)

Publié le 11 Janvier 2017

Lettre ouverte à M. Philippe Paul, sénateur-maire de Douarnenez

 

Atteinte à la liberté d’expression

 

La presse s’est récemment faite l’écho de l’annulation, à votre initiative personnelle, d’un spectacle prévu dans le cadre des dix ans de la médiathèque Georges Perros.

Sanctionner Ronan Le Fur et sa compagnie Gigot Bitume en les privant d’un contrat de travail sous prétexte que M. Le Fur se serait opposé, au nom d’un collectif de 800 personnes, à l’un de vos projets (en l’occurrence la vente du bâtiment Supergel à un privé), nous inquiète beaucoup. Et le fait que l’on soit d’accord ou pas avec les propos tenus par M. Le Fur n’a rien à voir là-dedans.

Que quelqu’un reçoive des aides ou soit rémunéré par une commune n’implique en rien qu’il doive être parfaitement en accord avec la ligne politique ou les décisions du maire de ladite commune. Seule l’annulation d’un évènement tombant sous le coup de la loi (propos racistes, dangerosité, etc.) pourrait s’avérer légitime.

A Douarnenez, pour recevoir une subvention ou pour voir un contrat honoré par la mairie, les acteurs locaux, qu’ils soient entrepreneurs, prestataires ou artistes, devront-ils désormais s’abstenir d’exprimer la moindre opinion, sous prétexte qu’elle pourrait contrarier M le Maire ?

Le respect de l’indépendance et de la liberté d’expression de chacun nous semble être une valeur fondamentale en démocratie. D’autre part, la politique municipale concerne tous les citoyens de Douarnenez et ne saurait être conduite de façon autoritaire, ou s’exercer sous la menace.

Des pratiques d’un autre temps – consistant pour certains élus à décider de l’intérêt de telle ou telle œuvre ou manifestation – reviennent à la mode ici et là. Nous sommes persuadés que vous saurez éviter une telle dérive. Mais sachez que nous, citoyens, acteurs locaux, associations et membres d’associations de Douarnenez, sommes décidés à continuer à nous exprimer, en fonction de nos convictions, lorsque cela nous semble nécessaire. Et que nous serons extrêmement vigilants au respect de cette liberté.

(1) Propos tenus par le maire à Ronan Le Fur

Rédigé par Gérard Alle

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R
La main qui nourrit monsieur le Maire est celle du peuple qui vote ou non pour lui et qui paye son salaire. Est-ce que quelqu'un peut lui expliquer ça? Il est au service de la communauté et non l'inverse.
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G
C'est comme ça que, à force de croire que c'est leur argent, certains tapent dedans pour arroser leur entourage.