Se voiler la face

Publié le 2 Septembre 2020

Très étrange sensation... Dans les conversations privées, on en parle. On observe qu'il n'y a pas eu de seconde vague. On s'aperçoit que malgré les tests positifs, il n'y a pas d'augmentation importante du nombre de malades. Mais en-dehors du cercle privé, il semble totalement interdit de faire ce constat. En tout cas, il est absent du discours officiel, bien sûr, mais absent aussi des médias, de tous les médias, y compris les plus critiques. De quoi ont-ils peur ? D'être traduits en justice pour haute trahison ? On nous répète que les gens qui contestent les mesures coercitives prises ici et là ne sont que des abrutis, des complotistes ou des fachos, en France, en Allemagne, ou aux Etats-Unis. Je n'ai pourtant pasl'impression d'appartenir à ces catégories, et cet unanimisme m'inquiéte, face à des mesures parfois absurdes et souvent liberticides. Un préfet de l'Hérault interdit la danse, en intérieur comme en plein air, un autre fustige les musiques "qui pourraient inciter à des danses spontanées", on oblige des cyclistes à rouler masqués, on interdit les rassemblements, l'activité culturelle est quasiment à l'arrêt... La pandémie semble devenue le prétexte à la création d'un laboratoire de l'exercice de l'autorité, dont nous sommes les cobayes. Jusqu'où oseront-ils pousser le curseur ? Les erreurs à répétition commises par les dirigeants au cours de cette crise ne les ont pas conduits à rendre les citoyens responsables, ou à décentraliser les décisions, mais à contraindre sans explication cohérente, sans raison apparente pour certaines mesures (rappelons-nous, entre autres, l'interdiction de marcher sur une plage durant le confinement). Peut-on accepter sans broncher de vivre dans une société où l'intelligence collective se réduirait à mettre un masque et à respecter des mesures barrière ? Moi, je ne peux pas. On pourra me trouver égoïste ou inconscient. J'essaie pourtant de respecter les gens qui ont peur et surtout ceux qui craignent à juste titre pour leur santé, en gardant mes distances, et en portant ce putain de masque en milieu fermé. Mais le moteur de ma vie n'est pas et ne sera jamais l'obéissance servile. J'ai accepté le principe du confinement, en solidarité avec le milieu hospitalier, mais j'allais à mon jardin tous les jours, bien que situé à plus d'un kilomètre de mon domicile. Et le Premier mai, j'étais dans la rue, pour manifester. Dans les deux cas, je n'ai mis personne en danger et j'ai agi en personne responsable. Ce que je vois, c'est l'Etat se centraliser, des préfets la bave aux lèvres dès qu'ils peuvent prononcer une interdiction. Tout le monde a pu constater la faillite de l'Etat centralisé dans le traitement de la pandémie, le confinement de l'ensemble du territoire national, y compris la Guyane qui n'avait aucun cas à l'époque. Et voilà qu'on nous annonce l'arrivée d'un nouveau corps préfectoral, les sous-préfets "à la relance", chargés de combattre les blocages administratifs en faisant appliquer les mesures venues "d'en haut". Non mais, je rêve ! Les administrations les plus engorgées chargées de relever le pays, avec le secours d'énarques coupés de toute réalité locale, en quelque des incendiaires envoyés sur le terrain pour éteindre le feu ! Où va-t-on ? Vers un Etat totalitaire ? Non. On y est déjà. Et le régime peut se frotter les mains : on leur promettait un automne chaud ? Ils nous interdiront de nous rassembler, tout simplement. La route est encore longue, camarade ! Mais, dis-moi... Et si on se rassemblait quand même ?

Rédigé par Gérard Alle

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